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#AYOTZINAPA Le terrorisme d’Etat et les Droits Humains des victimes

mercredi 19 novembre 2014, par Comité Cerezo México

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Après avoir écouté la conférence de presse réalisée par le Procureur Général de la République, il est clair que, avec son refus de reconnaître que le cas Ayotzinapa est un crime d’Etat, les graves violations de Droits Humains commises contre les étudiants normalistes d’Ayotzinapa n’ont pas reçu, de la part de l’Etat, le traitement requis du fait de l’ampleur et de la gravité des évènements.

La conférence, au lieu d’informer, est partie intégrante d’un mécanisme d’impunité dont l’objectif est de démobiliser la société civile indignée par ce CRIME D’ETAT. Loin de chercher à servir la justice ou la vérité, elle avait un but clair, générer deux sentiments ; la tristesse et l’impuissance. Sentiments qui génèrent l’immobilité parmi ceux qui sont sortis dans les rues pour exiger que les disparus soient présentés en vie.

L’Etat dit que les normalistes sont disparus tant qu’il n’y a pas de confirmation scientifique que les corps retrouvés sont bien les leurs, cependant il nous assure dans son récit officiel que les étudiants ont été atrocement exécutés, il joue avec l’information, les images et les témoignages de sujets visiblement torturés pour nous convaincre d’un fait qu’il nie quelques secondes plus tard, ce qui constitue en soi, comme le disent les familles des victimes, une véritable torture pour eux.

Face aux questions des journalistes, l’Etat ni que le cas Ayotzinapa constitue un Crime d’Etat. Le travail de documentation de violations aux Droits Humains que réalise notre organisation de défense des Droits Humains, qui nous a valu à ce jour 13 menaces de mort, nous permet d’affirmer que non seulement il s’agit d’un Crime d’Etat mais qu’en plus ce crime obéit à une stratégie de terrorisme d’Etat. D’après les juges internationaux qui ont participé à l’audience initiale du TPP au Mexique bien avant les évènements d’Iguala, il y avait déjà au Mexique des éléments de terrorisme d’Etat :

“Le Tribunal (Permanent des Peuples, Chapitre Mexique) considère que nombre des épisodes qui lui ont été exposés et démontrés, constituent des actes de terrorisme d’Etat, consistant en une politique d’Etat planifiée et exécutée avec la finalité de combattre par des moyens illégaux les luttes sociales, paralyser ou détruire l’opposition politique ou idéologique et/ou annihiler l’opposition armée et/ou avec la finalité de justifier la suspension des garanties constitutionnelles, l’établissement d’Etat d’exception et la violation des Droits Humains. [1]

Ces actions vont dans le sens de parvenir, au Mexique, que la population accepte avec soumission et sans résistance organisée l’approfondissement des réformes structurelles qui nient les droits humains de la population.

Au cours de l’Audience, le Tribunal a vérifié l’existence d’un schéma répété de conduites qui constituent des violations des droits humains, de telle manière qu’il est possible d’affirmer d’existence de modalités de comportement de la part des agents de l’Etat Mexicain. Dans ce sens, la réitération de certains délits spécifiques au sein d’un contexte généralisé d’impunité, comme le sont les assassinats, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, les déplacements forcés, les tortures et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, viols et autres abus sexuels, et criminalisation de la lutte sociale ; etc. nous alerte.

Ces conduites se réitèrent et se croisent dans les différents cas qui ont été exposés face à ce Tribunal, et configurent un cadre généralisé et systématique de violation aux droits humains. [2]

Les réformes structurelles récemment votées approfondissent dans les faits le saccage des ressources naturelles au détriment des droits humains de toute la population mexicaine, des droits humains que le Mexique est obligé à garantir comme le sont le droit à un travail digne et bien rémunéré, le droit à une éducation gratuite, le droit à une alimentation saine, le droit à la santé gratuite et de qualité, le droit au territoire, entre autres.

Une caractéristique des actes de terrorisme d’Etat est que, étant donné qu’ils sont justifiées par une raison d’Etat (actes illégaux et illégitimes dont l’intention est, au Mexique, d’imposer comme supérieure à la valeur de la vie, la valeur de l’argent), ils impliquent la création de mécanisme d’impunité pour ne pas enquêter et protéger les responsables ; l’exemple le plus parlant est celui de la Comission Nationale des Droits Humains qui a émis des recommendations dans seulement 0,02% des cas de dénonciation reçus.

Notre conclusion est donc que cette conférence fait partie d’un mécanisme d’impunité créé pour dissimuler la vérité et nier le droit à la justice dans le cas des normalistes disparus de manière forcé comme résultat d’une politique d’Etat.

Nous allons expliquer maintenant que l’Etat ne diffuse pas, n’explique pas, et, dans la mesure du possible, dissimule les faits : quels sont ces droits humains des victimes de violations aux droits humains ? Les droits humains que l’Etat, par le biais de cette conférence, est en train de violer, sont les suivants :

Le droit humain à la VERITE : la quête de la vérité implique un compromis éthique avec les victimes qui consiste en éclaircir les raisons de type économique, politique et social des agressions de l’Etat, mettre en évidence la logique répressive qui les a produites, quelles sont les personnes qui ont facilité et couvert les crimes, découvrir leur systématicité, découvrir l’identité, les mobiles et les contextes, leurs exécuteurs et leurs bénéficiaires.
Les victimes, leurs familles, leurs proches ainsi que la société ont le droit de savoir :
• Qui sont les responsables et les bénéficiaires du crime ?
• Quand, comment, pourquoi et où se sont déroulés les faits ?
• Où sont les familles dans les cas de disparitions forcées ?
• Quelles mesures ont été prises pour enquêter sur les faits et sanctionner les responsables ?

Le droit humain à la JUSTICE implique que l’Etat :

  • Enquête, juge et sanctionne les responsables matériels, intellectuels, les facilitateurs et les bénéficiaires des crimes.
  • Adopte des mesures qui garantissent l’intégrité des victimes, de leurs familles, des représentants, des témoins et des opérateurs judiciaires.

Le droit humain à la réparation intégrale : ce droit commence par un accès réel à la VERITE et à la JUSTICE. Il implique la réparation de tous les dommages et préjudices dont les victimes ont souffert dans la mesure du possible.

Réparer signifie non seulement tenter d’apaiser la souffrance des personnes et communautés affectées sinon de dépasser les causes de la violation des droits humains. En ce sens, la réparation implique également une action sociale permanente qui transforme à long terme les conditions socio-économiques qui ont donné lieu à la victimisation de divers secteurs de la population.

La réparation intégrale des crimes d’Etat peut avoir lieu uniquement si la vérité sur ce qu’il s’est passé est connue publiquement et si les responsables des faits ont été sanctionnés.

Les garanties de non répétition des faits doivent se référer à toutes les actions mises en place par l’Etat, orientées vers l’apparition de nouveau faits similaires.
Ce droit ne peut être pleinement satisfait que par la mise en pratiques de mécanismes institutionnels qui mènent au déblaiement des structures qui ont rendu possible ces crimes atroces en vue de prévenir que ces derniers ne se reproduisent pas.
La principale garantie de non répétition est la sanction envers les responsables afin que les faits ne continuent pas d’être perpétrés.

Le droit humain à la MEMOIRE : la mémoire sociale et socialisée est l’unique garantie que les jours et les nuits de terreur ne se répèteront pas. La mémoire est le mécanisme idéal pour conserver ou reconstruire l’histoire des luttes des peuples et l’histoire de la répression déchaînée du pouvoir afin d’empêcher leur auto détermination.

Enfin, nous souhaitons leur dire qu’au lieu de laisser la tristesse nous envahir, le mieux que nous pouvons faire pour récupérer notre joie de vivre est de nous organiser et de continuer à nous mobiliser, non seulement pour que justice soit faîte pour les normaliens d’Ayotzinapa mais aussi pour la réapparition de tous les détenus disparus, pour la justice des exécutés extrajudiciaires, pour la liberté de tous les prisonniers politiques du pays et pour transformer cette société en une société dans laquelle tous les mexicains construisent les conditions matérielles nécessaires pour mener une vie digne.

8 novembre 2014

Comité Cerezo México
"Por que ser defensor de derechos humanos, no es sinónimo de terrorista"


[2(En espagnol) Dictamen Audiencia final temática sobre Guerra Sucia como violencia, impunidad y falta de acceso a la justicia. Comunidad Indígena de Santa fe de la Laguna, Michoacán del 26 al 28 de septiembre 2014.

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